Un jour, vers l'age de neuf ans, mon père qui était peintre et photographe à ses heures, m'a dit: " Tu veux vraiment faire de la photo? alors tiens et débrouilles toi" Il m'a donné un "Kodak Box 620"  et une bobine de film. Ce fut un peu rude!, il n'y avait aucun réglages à faire, juste viser au jugé et déclencher. Je me souviens des séances de labo à la cave, charger les films dans les spires, les développer dans le noir, le travail en lumière rouge, l'immersion dans les bains, le chrono et tous ces gestes qui me paraissaient à la fois techniques et magiques. Une sorte d'alchimie où le papier vierge devient image. Je n'ai jamais partagé beaucoup de choses avec mon père, juste ces moments de labo où il m'a appris toutes les bases.

Vers quinze ans, il m'a prêté un vieux "Braun Paxette"  24x36 des années 50. C'était le "luxe" car on pouvait règler la vitesse et le diaphragme en fonction des données de la cellule à main, là aussi très formateur. A vingt ans, j'ai fait un stage à l'ETPA, école de photo, de Toulouse. C'était décidé, je serai photographe.
Mais la vie m'a éloigné de la photographie pendant des années, j'y reviens sur le tard. C'est pas évident de retrouver l'oeil, la "vista", de jongler avec la lumière et d'essayer de la comprendre, pas de la maîtriser, je n'en ai pas la prétention, juste l'apprivoiser.

J'ai toujours préféré les photos simples, voir dépouillées, contrastées et en Noir et Blanc. Le Noir et Blanc permet d'aller à l'essentiel, à l'émotion. Je me situe plus comme un "contemplatif actif" ce qui peut paraître paradoxal, en fait j'attend ce petit plus qui me fera déclencher. L'inclusion d'un personnage, un changement de lumière. L'horizontalité est pour moi une évidence. Mes influences sont multiples. Je suis fan absolu de Sebastao Salgado, d'Ansel Adams et du photographe finlandais Pentti Sammallahti, mais j'aime aussi le travail de J.L Sieff et R.Depardon. Je suis grand admirateur du peintre E.Hopper qui construit ses tableaux comme des photographies avec une lumière ahurissante.